une belle arnaque
En novembre 2023, j'ai été contacté par Marie-Pierre Dinsart, membre de l'organisation des Magritte du Cinéma belge, afin de soumettre des propositions d'affiches pour la 13e édition de la remise des prix (édition 2024).
Le briefing était succinct : "Si le lien avec le cinéma et sa mise en lumière sont la trame de la réflexion, nous laissons libre cours à l’artiste et à ses inspirations. Notre seule contrainte est la validation du projet par la Fondation Magritte, notre partenaire fondateur. Notre deadline pour le projet serait début décembre. Tu trouveras ci-joint notre charte graphique".
Très enthousiaste, j’ai d'abord réalisé une dizaine de propositions d’affiches, toutes mettant en scène un personnage.
Cependant, je n’ai reçu aucun retour de la part de l’organisation.
C’est par l’intermédiaire d’un ami graphiste, spécialisé dans les affiches de cinéma, que j’ai découvert que certaines évolutions idéologiques avaient profondément influencé les choix artistiques de l’événement. Notamment, les nouvelles sensibilités autour de la représentation figurative et des enjeux sociétaux contemporains semblaient avoir un impact déterminant.
Voici les principales problématiques soulevées :
- Concevoir une affiche "publique" largement diffusée est devenu un exercice très délicat, soumis à de nombreuses considérations sociales et culturelles.
- La représentation figurative est en crise, notamment depuis la pandémie, sous l’influence des débats sur l’inclusivité et la diversité.
- Représenter une femme sur une affiche soulève des interrogations : où sont les non-binaires et les non-genrés ?
- Une femme blanche pose la question du manque de diversité.
- Une femme mince et attractive peut être perçue comme une mise en avant d’un idéal de beauté non inclusif. (sous-texte : un privilège blanc et bourgeois).
- Représenter une femme noire ou métisse, lorsqu’on ne l’est pas soi-même, peut être assimilé à de l’appropriation culturelle.
- De manière plus large, les institutions culturelles intègrent désormais dans leur réflexion des thématiques comme la déconstruction de la masculinité, les privilèges raciaux ou encore la question du décolonialisme.
- Face à ces enjeux, de nombreux artistes privilégient des compositions abstraites ou des visuels neutres, évitant ainsi toute polémique.
Tenant compte de ces éléments, j’ai réalisé de nouvelles propositions d’affiches en excluant toute mise en avant de personnage.
Après avoir encore réalisé et présenté une dizaine de nouveaux essais, J'ai à nouveau sollicité un feedback par email, ne fût-ce que pour voir si j'allais dans la bonne direction.
Cela n’a rien changé : malgré plusieurs relances et l’envoi de nouveaux essais, je n’ai jamais obtenu de réponse, ni positive ni négative. Rien.
Deux hypothèses me semblent alors plausibles :
- Soit mes premières propositions ont été perçues comme problématiques. Mais dans ce cas là, pourquoi ne pas me le communiquer ?
- Soit l’organisation avait déjà un choix arrêté et devait simplement respecter un processus d’appel d’offres en soumettant plusieurs candidatures de façade.
Connaissant l'état d'esprit de corruption et "d'entre soi" du milieu culturel et associatif payé par l'argent public, je penche bien évidemment pour la seconde option.
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